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ENVIE DE RIRE ?

michael-penn Par Le 15/03/2010 0

Le p’tit bruit…

 

     Je suis certain que ça vous est déjà arrivé d'avoir un petit bruit dans votre voiture. Oh ! rien de grave. Juste un petit, zing-zing… cri-cri… un petit truc insignifiant, tellement insignifiant que la plupart du temps, vous êtes le seul à l'entendre. Et puis, c'est qu'ils sont malins les petits bruits. Vous conduisez… vous l'entendez à droite. Alors, vous cherchez à le cerner et au moment où vous pensez le tenir… hop ! il est passé à gauche. Alors, vous vous dites qu'à deux il ne pourra pas vous échapper. Mais alors là, antention ! Si c'est votre belle-mère que vous prenez comme équipière, vous risquez de vous brouiller à vie. Oui, oui, j'ai essayé ! Surtout que, comme toutes les femmes, elle veut toujours avoir le dernier mot alors, pour finir, vous pouvez être certain que vous allez tomber en accord avec elle : "Mais oui, belle-maman le bruit il est à droite… mais oui, belle-maman vous avez raison… mais oui, belle-maman vous êtes la meilleure… mais oui, belle-maman si on ne vous avait pas, vous les femmes, on serait bon à rien… mais oui… Dites donc, vous voyez le platane, là, si vous la fermez pas je fonce dedans et je vise pour que vous le preniez en pleine face ! " Conclusion, vous vous dites qu'avec votre femme ça sera moins pire, eh bien détrompez-vous, surtout qu'il y a de fortes chances pour qu'elle ait hérité des gênes de sa mère. Enfin ! admettons que, par miracle, ce ne soit pas le cas, vous pouvez être pratiquement certain que le bruit, lui, il va pas se laisser attraper comme ça. Deux heures et cent cinquante tours de quartier plus tard, il est toujours là. À gauche pour vous, à droite pour votre femme, enfin… votre ex-femme parce qu'il y a de fortes chances qu'à bout d'arguments, elle ait demandé le divorce. Là, vous avez tout intérêt à aller coucher dans votre famille, parce que n'oubliez pas que la belle-mère, vous savez, celle que vous avez menacé d'envoyer tête première dans le magnifique platane qui bordait la route, elle est toujours chez vous et, c'est pas votre défense qu'elle va prendre !

     Donc, vous allez coucher chez votre mère et le lendemain, vous décidez de faire ce que vous auriez dû faire depuis longtemps : vous prenez la direction de votre concessionnaire. Il n'y a qu'une chose que vous aviez oubliée, c'est que le petit bruit, il est malin, dès qu'il a pigé vos intentions, pfuitt ! il s'enfuit… Pfuitt ! fini le bruit, disparu ! À ce moment-là, votre première réaction est de le maudire, l'insulter, le traiter de tous les noms. Soudain, vous réalisez qu'il est vraiment plus là et vous vous mettez à siffloter. Ça, c'était la chose à pas faire parce que, vexé, le voilà qui réapparaît de plus belle. Durant une seconde, vous vous dites que c'est le moment de retourner chez votre concessionnaire pour le piéger, le bruit, pas le concessionnaire, et puis vous réalisez que vous avez eu l'air assez ridicule tout à l'heure, surtout que votre auto est encore sous garantie et qu'il n'a pas pu vous facturer son temps –ne désespérez pas, c'est noté sur un coin de votre fiche client et à la première réparation, vous allez vous faire fourrer du nombre d'heures que vous lui avez fait perdre aujourd'hui– Pauvre con ! J'entends encore son ouvrier me dire : "Si j'ai un conseil à vous donner, la prochaine fois que vous l'entendrez, votre bruit, vous n'aurez qu'à monter le son de la radio", et il a éclaté de rire, satisfait de sa connerie. Maintenant, il n'y a plus qu'une solution, c'est le retour à la maison pour essayer, au moins, de sauver ce qui reste de votre ménage.  La queue basse, une tonne d'excuses en tête, votre carte bleue entre les dents, vous êtes prêt à accepter tous les affronts. Reste plus qu'à faire une dernière prière : mon Dieu faites que la belle-doche ait sacré son camp.

     Deux heures plus tard, soulagé du séjour à Cuba que vous promettiez à votre femme depuis si longtemps, le ciel est redevenu bleu et vous pouvez lui poser, en vous y prenant avec des gants, la question fatidique : "Chérie, j'ai besoin de toi, sans toi je suis bon à rien, tu veux bien, dis ? Après je t'amènerai au buffet chinois. Ça serait bien si tu pouvais marcher, un peu, à côté de la voiture pour trouver… pour trouver… d'où vient mon bruit. Dis, tu veux bien, chérie de mon cœur, amour de ma vie, soleil de mes nuits ?"

     Normalement –si elle n’a pas tout hérité de sa mère– ça devrait fonctionner enfin, pour moi ça a fonctionné, mais… il n’aurait peut-être mieux pas valu ! Pour faire plus simple, je vous mets en ligne directe avec mon concessionnaire.

     Allô ! C'est au sujet de mon bruit. J'ai fait courir ma femme à côté de la voiture pour le localiser, mon bruit. Le problème c'est que, passé le 90 elle n'arrive plus à suivre…

     L'attacher à l'arrière de la voiture ! C'est ce que j'ai fait, mais c'était pas la meilleure solution parce que, maintenant, ça va me coûter une fortune pour lui faire refaire les genoux et les dents qu'elle a laissés sur l'asphalte. Sans parler de la poitrine, avant elle faisait un 110, maintenant c'est juste s'il va lui rester un 85 !

     L'attacher à l'avant ! Oui, oui, ça aussi j'ai fait. Au début, ça a bien fonctionné, là où ça a été moins bien c'est quand la corde a cassé et qu'elle est passée sous la voiture. Non, pas la corde, ma femme ! Ou quand la voiture lui est passée dessus, si vous préférez. Surtout, ce que j'aurais pas dû faire, c'est la rattacher une autre fois à l'avant, enfin… pas avec la même corde.

     Et mon bruit ? Ah ! oui, j'oubliais. Le tic-tac, c'était le réveil dans le vide-poche. Le réveil que ma belle-mère m'avait offert pour ma fête. J'ai réalisé quand il s'est mis à sonner.

     Putain de réveil, il est comme ma belle-mère, toujours en retard ! S'il avait sonné à l'heure, ça aurait évité que je repasse une deuxième fois sur ma femme.

     Comment elle se porte ?

     Qui ça, la voiture ? Ah non, ma femme ! Aux dernières nouvelles, elle était en réanimation. Il paraît qu'ils ont tenté de lui refaire les pare-chocs. Non ! à ma femme, pas à la voiture.

     Si je suis à ses côtés ? Pas vraiment, non… parce qu'aux dernières nouvelles, la belle-mère était à ma recherche avec la winchester du beau-père. Il paraît qu'elle avait des choses à me dire mais, comme je ne suis pas curieux, je leur ai laissé la voiture et… Oui, oui, j'ai sacré mon camp.  Je vous appelle de Floride !

 

 

© Michel Peña-Gilles 2010

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